Presque un mois après sa libération des Baumettes (après 52 jours de préventive), Bernard Granié, toujours mis en examen pour corruption et trafic d'influence, vient ENFIN de présenter sa démission de la tête de la très riche intercommunalité du SAN Ouest-Provence.
Nous le réclamions depuis maintenant presque 3 mois : si la présomption d'innocence prévaut, il nous semble sain que des élus mis en cause par la Justice prennent sur eux de se retirer afin de se consacrer à leur défense, et surtout pour ne pas nuire aux collectivités locales au service desquelles ils sont engagés.
Pouvons-nous imaginer que cette démission puisse répondre à un engagement pris il y a un mois devant le juge des libertés, afin d'obtenir une libération plus rapide ? Quoi qu'il en soit, c'est la réaction des élus du SAN qu'il convient d'observer, afin de veiller à ce que cette démission impérative soit validée. Nous avons besoin de tourner la page, nous avons besoin d’un nouveau président, nous avons besoin d’une nouvelle politique intercommunale.
Las ! Que croyez-vous qu’il arriva ? René Raimondi, bras droit de Granié depuis de nombreuses années, successeur de Granié à la mairie de Fos-sur-Mer, premier vice-président du SAN sur proposition de Granié, candidat socialiste aux législatives depuis que sa mise en examen empêche Bernard Granié de briguer cette charge élective, René Raimondi donc, a demandé au président démissionnaire de... revenir sur cette décision !
Est-il besoin de préciser à quel point la consanguinité, mais aussi l’absence de scrupules envers les citoyens, la démocratie et la Justice, nous semblent ici détestables ?
Pour se justifier, René Raimondi évoque le fait que Bernard Granié serait « le meilleur d’entre eux »... Rappelons le bilan récent du meilleur d’entre ceux-là :
● le 4 juin 1999, Bernard Granié est le promoteur dans La Provence du projet de retraitement à Fos-sur-Mer des déchets de Marseille, y compris en recourant à l’incinération. Il fera tout ensuite pour tenter de faire oublier que c'est lui qui a initié le projet et tendu la main à la communauté urbaine de Marseille Provence Métropole. Nous, nous n'oublions pas. A l'époque, Raimondi le seconde déjà.
● en décembre 2006, Bernard Granié prend parti dans la campagne municipale istréenne en convoquant tous les chômeurs istréens à une réunion où il expose les perspectives d’embauches sur le territoire du SAN... à condition qu’Istres vote « correctement ». Istres a mal voté, sans doute, puisqu'on n’a plus jamais entendu parler des emplois promis.
● refusant le résultat des urnes à Istres, Bernard Granié tente de modifier dans l’urgence la composition du comité syndical du SAN, afin de permettre aux villes de Fos, Grans et Port Saint Louis de détenir à elles seule la majorité des sièges, ce qui permet de faire fi des revendications des villes d’Istres et Miramas (qui ne représentent, il est vrai, que 69% de la population à elles deux !)
● pour s'assurer du soutien des autres villes de l’intercommunalité, Granié menace purement et simplement les maires réfractaires de voir les subventions versées par le SAN réduites drastiquement. A Istres, la menace a d’ores et déjà été mise à exécution (Coline, Pulsion, Istres Sports...). Le soutien quasi unanime apporté avant-hier à Bernard Granié relève de la même logique : celle de la peur et de la menace.
● Bernard Granié, c'est aussi l’homme qui se présente comme le défenseur de l’environnement et le pourfendeur des mesures de pollution réalisées par la DRIRE et Airfobep, et qui vient donc de décider une dépense de 800 000 euros dans un projet Aigrette... dont tout semble indiquer que les mesures réalisées seront moins précises que celles déjà disponibles, quand il ne s'agira pas d’une simple compilation des données déjà existantes !
● Bernard Granié, c’est encore celui qui prétend accaparer pour la seule ville de Fos le bénéfice des taxes professionnelles générées par la Zone Industrialo Portuaire de Marseille, qui a pourtant été développée par les subsides de l’Etat et pour l’intercommunalité dans son ensemble. Aujourd’hui, cette tentative de hold-up menée jusque là par Granié est scandaleuse et contraire à l’esprit même de l’intercommunalité.
René Raimondi veut prendre Bernard Granié comme un modèle, parce qu’il serait le meilleur d’eux tous ? De fait, il est surtout effarant de constater que Raimondi se décrit lui-même comme pire que le portrait que nous venons de dresser de Granié. Devinez quoi ? Nous ne voterons pas pour lui.
Et en attendant, nous continuons à accumuler les heures de travail et les éléments constitutifs d'une alternative à grande échelle sur le territoire du SAN. Il devient urgent que cessent ces tartufferies.
Il est tout aussi urgent que les changements attendus à très court terme à la tête de l'intercommunalité aient bien lieu : la crédibilité des élus qui y siègent est en jeu.
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