IV - Bernard Granié et le lys maritime : ou comment se poser en défenseur de l'environnement et autoriser dans le même temps des installations au mépris de la préservation d'espèces protégées
Dans le cadre des procédures que le socialiste Bernard Granié a entreprises contre (et pour) l'incinérateur de Fos-sur-Mer, il en est une qui ne manque pas de pétale, dirons-nous. Et qui amène une fois de plus à se poser des questions sur la sincérité, ou plutôt sur la duplicité, du président du SAN et ancien maire de Fos-sur-Mer.
Chacun se souvient en effet du lys maritime, cette délicate fleur dont l'espèce est protégée et dont on avait découvert plusieurs plants sur le secteur du Caban Sud, le terrain dédié à la construction du centre de retraitement des déchets de MPM. Pendant plusieurs semaines, docteur Bernard avait fait croire que ce recours permettrait de stopper le chantier et s'était présenté comme le garant du respect de notre bonne mère Nature. Or mister Granié avait, semble-t-il, omis de préciser 2-3 choses :
1/ La zone industrialo-portuaire de Fos est une ZAC créée par l'Etat et dont les travaux relatifs à son aménagement sont définis comme opérations d'intérêt national par l'article R. 490-5 du Code de l'urbanisme. Dès lors, la volonté de protection de l'environnement se traduit ici généralement non par l'abandon des projets, mais par le versement de compensations financières ayant pour but de mettre en oeuvre des mesures annuelles de préservation de la faune et de la flore. Et Bernard Granié ne pouvait l'ignorer, puisque de nombreux projets récents ont nécessité une investigation sur site en vue d'éventuelles compensations (Ikéa, CYCOFOS, Solamat-Mérex, décharge du Vallon du Fou, carrière des Boutiers...). En brandissant le lys maritime, Bernard Granié intoxiquait les associations et suscitait des espoirs qu'il savait être vains. En d'autres termes, le pompier pyromane jetait en plus de l'huile sur le feu...
2/ Le diagnostic environnemental du Caban Sud le définit comme une zone de "faible naturalité", les zones des darses étant constituées de remblais industriels. Cette faible naturalité, le classement en ZAC de la ZIP de Fos, et les mesures de compensations prévues pour les espèces protégées du Caban Sud, sont autant d'éléments qui permettent de connaître à l'avance la décision des tribunaux saisis sur la question du lys maritime.
3/ Plus grave : alors que la société EVERE (en charge de la construction de l'incinérateur), suite à l'étude des experts écologues de BIOTOPE, a prévu une compensation de 1481 € par an et par hectare, d'autres projets validés par le SAN Ouest-Provence ne prévoient eux AUCUNE compensation alors même que de nombreuses espèces protégées sont présentes (voir tableau ci-dessous).
4/ Enfonçons le clou : peut-on accorder du crédit au SAN et à ses experts écologues quand ils dénoncent la présence d'une espèce végétale hautement protégée sur le site EVERE mais que, lors d'implantation de nouveaux industriels sur des terrains en présence de plusieurs espèces végétales protégées, nous constatons que le SAN autorise l'implantation, et que les experts indiquent au sujet du panais épineux qu'elle figure sur la liste des espèces protégées en PACA mais ne semble pas menacée (elle a pourtant le même statut que le lys maritime !), et dès lors concluent que "sa présence constitue localement un intérêt écologique modéré"...
5/ Enfin et surtout, sachant que le projet de la société EVERE est celui qui a bénéficié de l'étude environnementale la plus approfondie, ne faut-il pas en déduire que l'arrêt de ce projet pour des motifs écologiques devrait logiquement conduire à l'arrêt de tous les autres projets moins bien ficelés ? Bernard Granié se rend-il compte que ses propos sont irresponsables au regard des deux milliards d'euros d'investissements prévus à Fos-sur-Mer dans les prochaines années autour de projets devant générer d'après ses propres dires 6000 emplois directs, et qu'il a déjà promis aux chômeurs istréens ?
La duplicité de Bernard Granié en la matière se double d'une singulière irresponsabilité politique.
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Prochain épisode : Bernard Granié et la gestion foncière du SAN Ouest-Provence (ou comment l'échelon intercommunal est utilisé pour acheter des terrains quatre fois leur prix, au plus grand mépris du bien public)
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