Hier a eu lieu le premier comité syndical du SAN Ouest-Provence nouvelle formule, c'est-à-dire intégrant la modification de la répartition des sièges décidée dans l'urgence par Bernard Granié en décembre dernier, suite à la perte de la ville d'Istres par le socialiste Michel Caillat au bénéfice de la dissidente Nicole Joulia, pantin et faire-valoir de François Bernardini, alors inéligible... jusqu'au 4 septembre dernier. Et qui a fait, hier, son retour dans l'arène de l'assemblée intercommunale, profitant du 17e siège istréen.
Pour faire simple, suite à la manoeuvre de Granié, sur six villes composant l'intercommunalité, les trois villes de Fos-sur-Mer, Grans et Port Saint Louis détiennent désormais la majorité absolue des sièges, tout en ne représentant que 30% de la population.
Pour que chacun se rende compte du déséquilibre ainsi introduit, que chacun imagine la transposition à l'échelon européen : que ne dirait-on pas si la moitié seulement des Etats membres de l'UE, représentant à peine 30% de la population, pouvait imposer ses vues à tous les autres pays, et à 70% de la population ! L'Europe entière se soulèverait pour protester contre cette ignominie ! Et ici, que fait-on, que dit-on, qu'entend-on ? Rien.
Voilà donc à quelle triste et pathétique situation Bernard Granié a réduit le SAN Ouest-Provence. Et hier, chaque maire ou presque semblait se féliciter de ces modifications, en prétendant que désormais seul prévalait "le fait intercommunal" (Caizergue). Naïveté ? Juste après lui, pourtant, René Raimondi dévoilait dans une piètre prise de parole les véritables intentions, très strictement communales, de Bernard Granié : "je ne peux que me féliciter pour la ville de Fos de la prise en compte du volet économique" (la présence de la zone industrialo-portuaire sur la commune de Fos sert de prétexte pour accorder à cette dernière des sièges supplémentaires au sein du SAN).
Pour ceux qui ne l'ont toujours pas compris, sans cette modification de la composition du comité syndical, Bernard Granié aurait craint un retournement d'alliance et une mise en minorité de la part de François Bernardini, aboutissant à son éviction possible de la présidence du SAN. Pour se maintenir, Granié s'autorise donc tous les coups de force, et n'hésite pas à brandir le fait intercommunal pour mieux servir son petit intérêt personnel.
Là où notre intercommunalité plonge dans le sordide, c'est que les anti-bernardinistes invoquent les pratiques clientélistes passées qui ont valu à l'ancien maire d'Istres plusieurs condamnations en Justice. Ils scandent certaines tractations de couloir et de bureau, dans le dos de la population et au mépris de la démocratie. Mais ce faisant, ils feignent de ne pas voir que Bernard Granié a mis en place exactement le même système. Bernard Granié vient par ailleurs de passer 52 jours en prison préventive pour corruption passive et trafic d'influence, c'est-à-dire qu'un juge a estimé, au vu des pièces qui lui ont été présentées, que la prison préventive se justifiait. Nous ne sommes déjà plus tout à fait dans la présomption d'innocence.
Interpellé hier par Bernardini sur la suppression de la gestion par l'ABSAN du CE des agents du SAN, Bernard Granié s'est encore réfugié dans la posture la plus anti-démocratique qui soit : "Posez vos questions, je n'y répondrai pas !" (sic)
Hier, l'ambiance était électrique, Joulia inexistante, Bernardini aux abois, Granié sur la plus extrême défensive, Vidal au comble de l'emportement. Hier, l'intercommunalité était au bord de la rupture, instrumentalisée par des élus présentant à un public atterré la piètre comédie de leurs appétits voraces.
Dans cette tempête de médiocrité, seul a brillé un instant Daniel Gagnon, maire de la petite commune de Cornillon-Confoux, qui a décidé de proposer un membre de son opposition municipale pour pourvoir le siège supplémentaire accordé à sa ville au sein du comité syndical du SAN.
Hier, les grosses villes de l'intercommunalité ne songeaient qu'à se dévorer l'une l'autre, et c'est la plus petite qui donnait la plus belle leçon de démocratie. Celle dont Istres a été incapable de faire preuve envers Alain Aragneau, malgré les engagements de son maire. Celle dont les élus Fosséens n'ont pas même idée, empêtrés dans les procédures judiciaires qui risquent de s'abattre en cascade sur ses deux derniers maires.
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