Article paru dans Le Parisien le 11 janvier 2012 (avec AFP)
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Un ancien directeur de cabinet du socialiste Jean-Noël Guérini au conseil général des Bouches-du-Rhône a été mis en examen mercredi à Marseille, tandis qu'un autre protagoniste du dossier a été placé sous le statut de témoin assisté, a-t-on appris de source judiciaire.
Jean-François Noyes a été mis en examen pour association de malfaiteurs en vue de commettre les délits de trafic d'influence et de recel de trafic d'influence, en sa qualité d'ex-président de 13 Habitat, l'office HLM du département, dont il a été à la tête de juin 2008 à juin 2011.
Ce conseiller général, qui avait déjà été entendu par les gendarmes en charge de l'enquête ainsi que par le juge d'instruction Charles Duchaine, n'a pas été placé sous contrôle judiciaire.
L'avocat Régis de Castelnau, un proche d'Alexandre Guérini à l'encontre duquel le parquet avait pris des réquisitions de mise en examen en août, a été entendu mardi par le magistrat instructeur, qui l'a finalement placé sous le statut de témoin assisté, selon la même source.
M. Noyes et une collaboratrice déjà mise en examen sont soupçonnés, sur la base d'écoutes téléphoniques, d'avoir pris des décisions à la demande d'Alexandre Guérini, frère du président du conseil général.
Selon son avocat, Me Philippe Goossens, on reproche à M. Noyes d'avoir "favorisé l'avancement d'une collaboratrice et accordé l'embauche de trois collaborateurs" et d'avoir "toléré que quelques appels téléphoniques soient passés par Alexandre Guérini à la collaboratrice en charge de la mise en ordre administrative de dossiers d'attribution de logements devant être soumis à une commission seule compétente en la matière et dont il ne faisait pas partie".
Dans cette même affaire, la justice a renoncé à prendre un réquisitoire supplétif sur la base de déclarations récentes d'un autre mis en examen, Jean-Marc Nabitz, ancien cadre du conseil général proche des frères Guérini, au sujet de l'incinérateur de Fos-sur-Mer.
A la mi-novembre à Marseille, devant des inspecteurs suisses qui enquêtent parallèlement sur des faits de blanchiment, M. Nabitz est revenu sur les conditions d'attribution du chantier et de l'exploitation de l'incinérateur au groupe espagnol Urbaser, en 2005, par la communauté urbaine de Marseille alors gérée par la droite - elle a basculé à gauche en 2008.
"Je suis persuadé qu'il y a eu distribution de pots de vin ou de dessous de table pour l'attribution de la DSP de l'incinérateur, aussi bien à droite qu'à gauche, dans un commun accord", a affirmé M. Nabitz lors de cette audition, mettant en cause des personnes pour l'heure étrangères à l'affaire. Selon des sources proches du dossier, ces déclarations ont conduit le parquet à ouvrir une nouvelle enquête préliminaire sur l'incinérateur, mais celle-ci a été tuée dans l'oeuf, la justice renonçant même à prendre un réquisitoire supplétif : elle s'estime déjà saisie des faits sur le fondement du réquisitoire introductif à l'affaire Guérini, pris en avril 2009.
Après avoir reçu une dénonciation anonyme sur les Guérini, le parquet avait alors visé une série de faits commis "depuis 2005", "en relation notamment avec un projet concernant un incinérateur". Mais le courrier anonyme n'évoquait, à ce sujet, que des faits survenus "après le basculement de la communauté urbaine de Marseille (en 2008, ndlr) sous le contrôle de la famille Guérini".
Interrogée par l'AFP, une source proche de l'enquête a assuré que "toutes les déclarations de M. Nabitz sont prises au sérieux".
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