Article paru dans La Tribune de Genève le 18 décembre 2011, par Jean-Michel Verne
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Les investigations menées à Genève agitent la classe politique marseillaise.
Les révélations de la Tribune de Genève sur un présumé pacte de corruption autour sur la construction de l’incinérateur de Fos-sur-mer, passant par la Suisse, ont conduit le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, à réagir.
Au départ de l’affaire, il y a les déclarations de Jean-Marc Nabitz, ancien patron de 13 développement, la société chargée des investissements du Conseil général des Bouches-du-Rhône. Le 4 décembre dernier, la Tribune révélait en exclusivité le contenu du procès-verbal d’audition opéré à la mi-novembre par le procureur fédéral suisse Luc Leimgruber.
Saisi d’une enquête pour blanchiment ouverte en Suisse, le magistrat a longuement interrogé Jean-Marc Nabitz. L’affaire met en cause Alexandre Guérini, le propre frère du président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, et a conduit à son incarcération. Particulièrement prolixe, l’ancien responsable affirme que Jean-Claude Gaudin aurait été une pièce maîtresse dans le choix de la société espagnole Urbaser en raison notamment de liens supposés avec l’Opus Dei. Il évoque également une collusion droite/gauche marquée par une distribution générale de pots-de-vin.
Piqué au vif, Jean-Claude Gaudin a réagi vertement dans un communiqué: « Les propos de M. Nabitz, que d’ailleurs je ne connais pas, ne relèvent que de l’affabulation. La commission des marchés de MPM (ndlr: Marseille Provence Métropole, la communauté urbaine) a conduit un travail sérieux et a choisi la meilleure offre technique et la moins chère. »
Ce qui est contredit par Nabitz. Ce dernier affirme en effet que le marché présente en réalité un surcoût de 100 millions d’euros: « Cette construction a coûté 350 millions d’euros y compris les frais financiers pratiqués à des prix très avantageux au profit de la Société générale de banque et de Dexia. (…) Le coût réel de ces installations est de l’ordre de 250 millions d’euros. »
Une réunion s’est tenue jeudi dernier au Parquet de Marseille aux fins d’étudier les suites judiciaires à donner à cette affaire. De son côté, le bavard Nabitz a livré d’utiles informations sur ses relais dans les milieux bancaires genevois. Rémunéré, dit-il, 2,2 millions d’euros pour ses bons offices dans le marché Urbaser, il affirme: « J’ai été mis en relation avec IDB Genève par AG (ndlr: Alexandre Guérini) qui m’a présenté à Marseille David Zerbib, l’un des représentants de la banque (…) Lorsque je me suis rendu à l’IDB Genève, Zerbib m’a présenté son supérieur Patrick A. ». Précision : Zerbib qui est présenté comme le "trader" du réseau Guérini a depuis quitté les milieux bancaires et s’est installé en Israël pour fuir le scandale.
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