Article paru dans La Provence le 5 déc. 2011, par Fred Guilledoux et Denis Trossero
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L'affaire Guérini montre qu'en 2009, Urbaser a payé secrètement un expert de la communauté urbaine pour qu'il favorise l'incinérateur.
La preuve du double jeu de Jean-Marc Nabitz sur la question de l'incinérateur vient d'apparaître dans le dossier Guérini : lors d'une perquisition au domicile de cet ancien conseiller du président du Département, les douaniers ont saisi un contrat qu'il avait passé en janvier 2009 avec Urbaser, la société espagnole qui devait exploiter à Fos l'usine de traitement des déchets de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole.
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Une forme inédite de corruption
D'un montant de 574 000 euros, ce contrat pourrait présenter une forme inédite de corruption : à l'époque, Nabitz officiait "bénévolement" comme expert pour MPM, qui se demandait si elle allait mettre ou non en service l'incinérateur dont la construction avait été lancée par Jean-Claude Gaudin. Au lendemain de son élection, en avril 2008, le président PS de MPM Eugène Caselli fait en effet appel à Jean-Marc Nabitz pour l'aider sur cette question. Une demande logique, Nabitz ayant longtemps été le "Monsieur Déchets" du conseil général.
Problème, ses relations avec Urbaser sont loin d'être limpides : s'il s'est opposé à la société espagnole quand elle a obtenu en 2005 le marché de l'incinérateur, plusieurs témoignages montrent qu'il a mené de discrètes négociations avec elle lorsqu'il élaborait pour le compte du CG 13 le "Plan départemental d'élimination des déchets", notamment à l'occasion d'un voyage à Barcelone avec Jean-Noël Guérini. Toujours est-il que Nabitz participe à un audit sur l'usine de Fos confié par MPM à un avocat parisien, Régis de Castelnau.
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Il crée une société pour assister la société Espagnole
"Il était un des représentants de la communauté urbaine lors d'un déplacement sur place, où il conduisait assez étonnamment la visite", se souvient un responsable de G2C Environnement, une société qui a rédigé une partie de l'audit. Dans le même temps, Nabitz crée en janvier 2009 une société d'"études techniques", 3N Concept. Laquelle obtient ce fameux contrat avec Urbaser : il est notamment prévu qu'il assiste la société espagnole dans ses discussions avec MPM et qu'il l'aide à conclure "un avenant au contrat de Délégation de service public".
"Urbaser m'a demandé de l'aider à expliquer et à présenter le projet de l'incinérateur à MPM qui souhaitait l'arrêter sous la pression du Parti socialiste, Jean-Noël Guérini en tête, a confié récemment aux gendarmes Jean-Marc Nabitz, qui a été écroué en septembre à Valence et vient d'être libéré. J'avais pour mission de convaincre qu'il ne fallait pas renoncer". À plusieurs reprises, Nabitz se rendra à Madrid : "Les Espagnols sont également venus à Marseille".
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Le rôle trouble d'un avocat parisien
Le rôle de "l'expert" semble toutefois dépasser le simple lobbying : l'avenant qu'il doit préparer vise à permettre à Urbaser d'obtenir 107 millions d'euros de plus en raison de surcoûts dans la conduite du chantier. Il est assisté dans cette tâche par Régis de Castelnau, pourtant désigné par MPM pour la représenter dans ce conflit avec la société espagnole : "Il est intervenu pour le compte de ma société sur la partie juridique".
Selon une note Tracfin, 3N Concept a versé 170 000 euros au cabinet de l'avocat à la même époque. Jean-Marc Nabitz a également indiqué aux gendarmes avoir mis en relation Alexandre Guérini et les responsables d'Urbaser : "À sa demande, je lui ai fait rencontrer, à deux reprises à Paris, le président de la société. Je pense qu'il souhaitait passer un contrat pour l'enfouissement dans ses décharges des déchets de l'incinérateur".
À l'automne 2009, il a par ailleurs présenté à Madrid le directeur général d'Urbaser à Patrick Boudemaghe : considéré comme "le blanchisseur d'argent" du réseau Guérini, ce chef d'entreprises proposait à la société espagnole une association afin d'obtenir le marché public de la décharge du Balançan (Var), exploitée par le Groupe Pizzorno. Un projet qui n'a pas abouti.
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