Article paru dans La Provence le 14 nov. 2011, par Fred Guilledoux et Denis Trossero
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Des écoutes réalisées par les gendarmes montrent que des collaborateurs du président du Conseil général des Bouches-du-Rhône estiment avoir été manipulés.
Depuis plusieurs jours, la rumeur courait au Conseil général des Bouches-du-Rhône : le cabinet de Jean-Noël Guérini aurait été placé sur écoute téléphonique. Une mesure demandée par le juge Duchaine afin d'étayer les enquêtes qu'il mène sur des fraudes aux marchés publics, qui ont conduit à la mise en examen de l'élu socialiste et de son frère Alexandre. En fait, selon des retranscriptions qui ont été versées la semaine dernière dans le dossier d'instruction, seul le téléphone de Béatrix Billès, la "conseillère spéciale" du président du CG 13, avait été mis sous surveillance. Un choix qui s'explique par le rôle qu'elle a tenu dans la préemption d'un terrain à La Ciotat par la Département, ce qui a au final bénéficié à Alexandre Guérini.
Les écoutes réalisées par les gendarmes concernent toutefois les conversations de Béatrix Billès avec plusieurs membres du cabinet de Jean-Noël Guérini, dont son bras droit Rémy Bargès, ainsi qu'avec le conseiller général Jean-François Noyes qui a dirigé le cabinet du CG 13 jusqu'en 2004. Selon une source proche de l'enquête, "à travers les conversations que Mme Billès a avec ses collègues de travail, il ressort que toutes ces personnes ont le sentiment d'avoir été manipulées par Jean-Noël Guérini et son entourage durant de nombreuses années." Elles montrent également qu'irrités par son attitude, ceux qui constituent sa garde rapprochée au Département ne le soutiennent plus que très modérément depuis plusieurs mois.
En mai dernier, Béatrix Billès expliquait ainsi, parlant du président du Conseil général : "Il a manipulé tout le monde et ça, ça m'horripile terriblement." Réponse de son interlocutrice : "La chose la plus difficile a accepter c'est d'avoir été manipulée pendant très longtemps et d'avoir quelque part été désignée. Parce que quand les gens te manipulent ils te mettent à des places, à des postes etc... et eux ils se camouflent derrière hein."
Un mois plus tard, Béatrix Billès est placée en garde à vue. Après sa remise en liberté, elle se plaint dans une autre conversation que Jean-Noël Guérini soit dans "une position de déni". Son interlocutrice la conforte dans son idée, déplorant que l'élu joue "la victime, comme son frère!" Les deux femmes ont alors un échange extraordinaire : "Attends j'ai passé dix ans de ma vie à des conneries, parce que derrière il y avait Monsieur Frère qui s'enrichissait royalement !", lance la "conseillère spéciale" en ciblant Alexandre Guérini, qu'elle appelle également "l'autre voyou". Réponse de son amie : « Attends Monsieur Frère, il fonctionnait avec l'aval du Numéro 1... » Confirmation de Béatrix Billès : « Ça ne peut pas être autrement ». Conclusion désabusée de l'autre membre du cabinet : « Derrière, les deux partageaient les marrons...»
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