Article paru dans La Provence le 17 oct. 2011, par Fred Guilledoux et Denis Trossero
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Le sénateur-maire PS de Berre est soupçonné d'être intervenu pour imposer à l'Agglo de Salon un avocat favorable à Alexandre Guérini.
Dans l'affaire Guérini, Serge Andréoni, sénateur-maire PS de Berre, a été mis en examen ce matin pour "complicité de trafic d'influence". Le juge Duchaine s'était déplacé à son domicile, l'élu n'ayant pas répondu à deux convocations en septembre en raison d'une hospitalisation.
Le juge lui reproche d'être intervenu dans un différend judiciaire entre l'Agglo de Salon et une des sociétés d'Alexandre Guérini, afin de pousser l'Agglo à prendre un avocat qui était en fait considéré comme favorable à la position du chef d'entreprise. Dans ce volet de l'affaire, Serge Andréoni aurait fait l'objet de pressions de la part de Jean-Noël Guérini, d'où la mise en examen du président du Conseil général pour "trafic d'influence".
Le différend qui opposait Alexandre Guérini à l’Agglo de Salon portait sur la décharge de La Fare, exploitée par la SMA Vautubière : refusant de payer 485.000 euros qui lui étaient réclamés en application du contrat signé avec l'Agglo, car il avait accueilli plus de déchets que prévu, Alexandre Guérini avait décidé de saisir le tribunal administratif. Afin, semble-t-il, de biaiser la procédure, il se serait démené pour que l’Agglo soit représentée par un avocat proche de lui, Régis de Castelnau. Un plan dont il s'était ouvert auprès de son propre avocat, Olivier Grimaldi.
Parmi les multiples interventions d'Alexandre Guérini pour parvenir à ses fins, on trouve un message téléphonique adressé à son frère, le 10 septembre 2009 à 9h19 : il lui demande d'intervenir auprès de Serge Andréoni , en charge des finances de l’Agglo. Un peu plus tard dans la journée, Jean-Noël Guérini donne à "Alex" l’information tant attendue: "Bon, ben ça y est, je l’ai vu. Il m’a dit que c’était réglé, voilà ce qu’il m’a dit".
En février dernier, contacté par La Provence, Serge Andréoni jurait ne pas avoir eu de conversation sur le sujet avec le président du CG13 : "En revanche, je ne nie pas des appels d’Alexandre". De son côté, l'avocat Régis de Castelnau expliquait avoir mené une mission de conseil "afin de rapprocher les deux parties et éviter un procès dont personne ne serait sorti gagnant. Je me suis toutefois très vite retiré, voyant que les positions étaient bloquées, et je n'ai absolument pas touché le moindre centime".
À l’arrivée, l’opération concoctée par Alexandre Guérini tournera au fiasco : si l’Agglo a fait appel dans un premier temps à l’avocat souhaité par l’homme d’affaires, elle a également missionné un autre défenseur afin de pouvoir l'écarter dès que possible. Son plan ayant échoué, Alexandre Guérini a fini par verser les 485000 euros réclamés.
Interrogé par "La Provence" en février dernier, Serge Andréoni avait reconnu avoir "reçu des appels d'Alexandre Guérini". En revanche, il avait nié toute intervention de la part de Jean-Noël Guérini.
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