Article paru dans La Provence le 16 sept. 2011, par Fred Guilledoux et Denis Trossero
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L'ex-directeur de "Treize développement", un des satellites du Conseil général des Bouches-du-Rhône a été entendu par le juge Charles Duchaine.
Jean-Marc Nabitz, ex-directeur de "Treize développement", un des satellites du Conseil général des Bouches-du-Rhône, chargé plus précisément des questions d'aménagement, s'est constitué prisonnier.
Placé en garde à vue, hier, dans les locaux de la Section de recherche de la gendarmerie de Marseille, il a été transféré ce matin peu après 9 heures, au Palais de justice de la cité phocéenne où il a été entendu par le juge Charles Duchaine. Le parquet de Marseille pourrait prendre dans la journée des réquisitions de placement sous mandat de dépôt.
Jean-Marc Nabitz est considéré par les enquêteurs comme un personnage-clef de l'affaire Guérini, mais aussi de plusieurs autres instructions liées à des fraudes présumées aux marchés publics, dont celle qui concerne Bernard Barresi, le parrain marseillais arrêté en 2010 après 18 ans de cavale. Jean-Marc Nabitz a travaillé de 1984 à 1993 chez Silim, une société de traitement des déchets appartenant à la Société des Eaux de Marseille. Il aurait également exercé des responsabilités dans une filiale de la Générale des Eaux (aujourd'hui Veolia) et a eu des activités en Afrique. Il a ensuite rejoint le Conseil général des Bouches-du-Rhône où il était l'un des collaborateurs les plus proches de Jean-Noël Guérini.
Spécialiste du traitement des déchets, Jean-Marc Nabitz intervenait régulièrement sur la question des décharges et de l’incinérateur. C'est notamment lui qui a piloté l'élaboration du Plan départemental d'élimination des déchets, qui a récemment fait l'objet de vives critiques de la part de la Chambre régionale des comptes. Ce plan défendait l'extension de la décharge de La Ciotat exploitée par une société appartenant à Alexandre Guérini, extension rendue possible par la préemption par le CG d'un terrain dans des conditions douteuses.
Autre domaine d'action de Jean-Marc Nabitz, les marchés de construction et de rénovation des bâtiments dépendant du Conseil général dont les collèges. Plusieurs personnes entendues par les gendarmes et des lettres anonymes ont fait part de "dysfonctionnements" dans ces dossiers.
Fin 2009, Jean-Marc Nabitz avait quitté la France pour s'installer en Israël. Depuis plusieurs mois, le juge Duchaine souhaitait l'entendre. En juin dernier, La Provence a révélé que dans le cadre d'une enquête ouverte pour "blanchiment d'argent", des magistrats helvètes ont découvert à Genève un compte bancaire appartenant à Jean-Marc Nabitz et à son épouse, sur lequel se trouvait 1,5 million d’euros.
Ouvert au nom d’une société de Panama, ce compte a été bloqué par les enquêteurs mi-avril... au moment où M. Nabitz tentait de transférer 1,1 million en Israël. En France comme en Suisse, la justice nourrit des soupçons sur les marchés publics qu’il a passés lorsqu’il dirigeait "Treize développement", ainsi que sur ses affaires privées.
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Mise à jour à 19h08 : Jean-Marc Nabitz, ex-directeur de Treize Développement, la structure satellite du Conseil général chargée des questions d'aménagement, et homme clé de l'affaire Guérini, qui avait disparu en Israël depuis la fin 2009, a été mis en examen ce soir par le juge Charles Duchaine pour "association de malfaiteurs, corruption passive et blanchiment en bande organisée". Il a été écroué.
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