Article paru dans Le Monde le 17 décembre 2010
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Marseille Envoyé spécial - Ils ne se parlent plus. Le président du conseil général des Bouches-du-Rhône, patron de la fédération socialiste, et son camarade de parti, le président de la communauté urbaine de Marseille, ne s'adressent plus la parole. Le premier, Jean-Noël Guérini, a facilité les épisodes marquants de la carrière du second, Eugène Caselli. Mais, celui-ci a décidé de s'affranchir.
Après la publication samedi 11 et dimanche 12 décembre, dans Le Journal du dimanche, d'une conversation téléphonique interceptée en mai 2009, entre Alexandre Guérini, frère de Jean-Noël, et Henri Proglio, alors patron de Veolia, Eugène Caselli a remercié lundi 13 décembre son directeur de cabinet, Franck Dumontel.
C'est que le propos d'Alexandre, n'était pas très flatteur à l'endroit d'Eugène Caselli. "C'est Franck qui est le vrai patron de la communauté urbaine et qui est notre ami intime", confiait-il. Ancien collaborateur d'Elisabeth Guigou au ministère de la justice, Franck Dumontel, marié avec la sénatrice (PS) Samia Ghali, est sous le coup d'une mise en examen dans une autre affaire : celle qui vise la député (PS) Sylvie Andrieux pour des subventions accordées par la région à des associations.
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"Monsieur Frère"
A quatre mois des élections cantonales qui, dans ce département, concernent 29 cantons, dont 20 détenus par des élus PS, les retombées de "l'affaire Guérini" plombent le climat au sein de la puissante fédération socialiste. Eclaboussé par l'affaire, Eugène Caselli assure désormais à qui veut l'entendre qu'il répondra à toutes les questions que lui posera la justice. Sous-entendu, il ne ménagera personne, et surtout pas Alexandre, alias "Monsieur Frère", actuellement détenu à la maison d'arrêt de Luynes (Bouches-du-Rhône).
Fragilisé par les turpitudes reprochées à son frère, Jean-Noël tente de mettre des distances - "lui, c'est lui, moi, c'est moi", a-t-il lancé -, mais ne dupe personne. La proximité entre lui et son cadet a toujours été grande. Pour plusieurs responsables politiques marseillais, la seule question qui vaille reste la date de convocation de Jean-Noël chez le juge.
Chaque jour, de nouvelles fuites, semble-t-il bien contrôlées, empoisonnent l'atmosphère. Mardi 14 décembre, La Provence faisait état d'une conversation téléphonique entre Franck Dumontel et Alexandre Guérini en mai 2009. Celui-ci évoque son frère Jean-Noël qui aurait - à sa demande - "secoué" certains collaborateurs au conseil général qui tardaient à prendre en compte ses demandes.
Au PS, des responsables locaux s'inquiètent, d'autant que l'axe de campagne choisi par la fédération en vue des cantonales tourne autour du président du conseil général. A Paris, la direction nationale du parti reste muette. Selon un responsable local, Martine Aubry aurait eu une discussion avec Jean-Noël Guérini en septembre. Mais c'était pour lui dire de se rapprocher de Patrick Mennucci.
Cet incontournable élu socialiste dans la cité phocéenne a été un temps suspecté par les frères Guérini d'être l'auteur de la lettre anonyme qui, en février 2009, a déclenché toute l'affaire. Guérini a obtempéré en promettant une circonscription à M. Mennucci. Depuis les deux hommes sont réconciliés et font - en apparence - cause commune.
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