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Le président du conseil général des Bouches-du-Rhône, le sénateur socialiste Jean-Noël Guérini, et son frère Alexandre, ne s'expriment désormais plus que par l'intermédiaire de leurs avocats. Le bâtonnier Me Dominique Mattei et son confrère Me Emmanuel Molina ne savent rien de l'information judiciaire ouverte contre X... sur l'attribution et la gestion des marchés publics du département, conduite par le juge Charles Duchaine et qui tourne autour de leurs clients respectifs.
L'affaire, qui plombe le ciel de Marseille, a démarré au mois de janvier par une enquête préliminaire ouverte par le parquet après réception d'une lettre anonyme. Dans une missive "précise et circonstanciée", selon un proche du dossier, un mystérieux informateur alertait la justice de turpitudes dans la gestion des marchés publics du conseil général.
Sans qu'il soit cité nommément, le président Jean-Noël Guérini est implicitement mis en cause. L'auteur de ce courrier décrit un trafic d'influence auquel se livrerait son frère cadet, Alexandre. A la tête de quatre sociétés spécialisées dans le traitement des déchets, Alexandre se servirait de la position et des pouvoirs de son frère aux fins de faire fructifier les intérêts politiques et financiers de la fratrie. Pendant plusieurs mois, les gendarmes se sont appliqués à vérifier ces allégations, plaçant notamment Alexandre sur écoutes. Constatant la complexité et l'ampleur des délits suspectés, le parquet de Marseille a ouvert une information judiciaire, mi-avril.
Comme le souligne le procureur de la République, Jacques Dallest, l'instruction couvre "un large spectre". Les soupçons portent, dans le cadre d'attributions douteuses de marchés publics, sur d'éventuels trafics d'influence, des abus de biens sociaux, des détournements de fonds publics et des prises illégales d'intérêt. Des opérations de blanchiment avec des implications à l'étranger sont également visées. Le tout concernerait des entreprises spécialisées dans le traitement des déchets, mais également d'autres secteurs d'activités sociales relevant des attributions du conseil général.
Pressé par la révélation, dans la presse, de l'enquête, le juge Duchaine a procédé à deux perquisitions. L'une, réalisée le 19 novembre au domicile et au siège des sociétés d'Alexandre Guérini, a permis aux gendarmes de confisquer des documents comptables et la Mercedes personnelle de l'intéressé. L'autre, conduite le 30 novembre dans les locaux du conseil général et de la communauté urbaine de Marseille, n'a pas été aussi fructueuse qu'espéré. "Le nettoyage avait été fait", a indiqué au Monde un proche du dossier, contrarié.
L'affaire éclabousse donc le numéro un du PS de la ville, celui-qui avait tenté de ravir la mairie à Jean-Claude Gaudin (UMP) lors des municipales de 2008. Rejaillira-t-elle sur les élections régionales à venir ? "Les perquisitions au conseil général et à la communauté urbaine ont fait mal", déplore un élu PS local. Toutefois, lors d'un conseil fédéral du parti, Michel Vauzelles, le président PS de la région PACA, a assuré que, au vu des sondages, il était serein.
Pourtant, dans le parti, l'affaire donne lieu, mezza voce, à quelques règlements de comptes. "Il est de notoriété publique qu'Alexandre Guérini a des activités et des fréquentations sulfureuses", lâche, sous le sceau de l'anonymat, un élu socialiste. "Elle signe la fin d'un système que tout le monde à Marseille connaît", espère un autre.
Selon plusieurs témoignages, les frères Guérini auraient, au fil des ans, édifié "un véritable système". On rend des services, on distribue quelques prébendes, tissant ainsi un réseau d'obligés dont on attend en retour remerciements et dévotion. Bref, du clientélisme pur jus, comme les responsables politiques corses d'où sont originaires les Guérini ont la réputation d'user.
Dans les Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guerini jouit d'une grande autorité - qu'il pousse jusqu'à l'autoritarisme selon ses détracteurs - tant sur le parti que sur l'assemblée départementale et la communauté urbaine, présidée par Eugène Caselli, le premier fédéral du PS. Celui-ci, dépeint comme une personnalité "sans charisme", devrait sa carrière aux Guérini, même si, entre eux, le ton est monté ces dernières semaines. "Je n'irai pas en prison pour vous", aurait-il lancé à l'endroit des deux frères devant plusieurs témoins.
Si ses fonctions placent Jean-Noël Guérini dans la lumière, celles d'Alexandre restent plus obscures. "Dans le parti, il parle peu, mais il a la haute main sur la commission des adhésions", souligne un élu. Toujours dans l'ombre, il a démarré il y a une trentaine d'années avec une société d'assainissement et ses activités ont progressé parallèlement à l'ascension politique de Jean-Noël. "Aurait-il aujourd'hui quatre sociétés s'il n'était pas le frère du président du conseil général ?", relève, perfide, un autre élu.
Pour l'heure, ni Jean-Noël ni Alexandre Guérini n'ont été interrogés par les enquêteurs. Mais ils se défendent déjà. "Nous attaquerons en justice les journaux qui nous mettent en cause", prévient le premier, qui a obtenu d'un vote du conseil général "le droit d'intenter en son nom toute action en justice". Quant au second, il dénonce par communiqué "une tentative de déstabilisation" et s'impatiente de pouvoir "être entendu par l'autorité judiciaire".
Trafic sur les dossiers judiciaires en Rhône Alpes avec des flics et France 3 Rhône Alpes!
Rien d'étonnant avec France 3 Rhône Alpes.
Rédigé par : blablabla | 11 avril 2010 à 20:59