Abus de biens sociaux, détournements de fonds, trafic d'influence, ingérence, prise illégale d'intérêt, enrichissements personnels, emplois fictifs, délits d'initiés, sont les formes de corruption active et passive les plus répandues aujourd'hui, et la liste d'élus condamnés ou mis en examen est longue, trop longue.
La lutte contre la corruption se heurte en France à de nombreux obstacles, parmi lesquels la lenteur des procédures judiciaires, et certains excès de la présomption d'innocence : même en cas de prison préventive, donc suite à une décision judiciaire, les élus mis en examen peuvent conserver leurs mandats et leurs responsabilités. La succession des appels, pourvois en cassation, recours devant le Conseil d'Etat puis devant la Cour européenne (tous les frais étant généralement payés avec l'argent des collectivités locales), permet de retarder durant des années l'application d'une peine... et c'est parfois l'Etat français qui finit par être condamné pour durée excessive du procès.
Par ailleurs, faute de moyens, et l'inéligibilité n'étant que rarement encourue, les juges ont parfois la tentation d'abandonner les affaires qui ne conduiraient qu’à une simple amende. Les dossiers de certains élus atteignent ainsi souvent une taille conséquente, avant qu'un élément particulièrement probant n'enclenche enfin la marche de la Justice.
L'exemplarité et l'intégrité publique, qui devraient être des valeurs primordiales pour nos élus, sont ainsi régulièrement battues en brèche par le maintien d’hommes politiques poursuivis, ou la réélection de ceux ayant purgé leur peine.
Peut-on déplorer le manque de civisme de la population, la hausse des petites ou des grandes incivilités, dans un contexte où certains de nos représentants usent et abusent des moyens – mêmes légaux – pour se soustraire à la plus élémentaire morale publique ?
Face à un enjeu aussi important, est-il si invraisemblable d’exiger de nos élus, de gauche comme de droite, une conception supérieure de l’intérêt public, qui devrait les empêcher de solliciter nos suffrages sitôt leur peine achevée, même s’il s’agit d’hommes aux qualités par ailleurs manifestes ?
Au-delà de la corruption la plus visible, mêlant entreprises et pouvoirs publics, il y a aussi une corruption presque insaisissable, qui touche uniquement les administrations publiques et l'argent des contribuables. Il s'agit de ces cas où les politiques se cachent derrière l'opacité des fonds publics : lorsqu'une administration attribue une subvention à une association d’une utilité imaginaire, il s'agit bel et bien d'une forfaiture, surtout si à la tête de l’association se trouvent des amis personnels ou politiques du décideur de l'administration… voire l'élu décisionnaire, en cas de gestion de fait.
La lutte contre la corruption est enfin instrumentalisée par certaines associations qui, sous couvert d’action citoyenne, mélangent plusieurs débats, ou se servent de leurs structures pour mener des combats partisans. S’ensuit à leur égard une défiance légitime, qui devrait davantage qu’aujourd’hui les inciter à remettre en question les moyens de leur lutte contre la corruption.
Chaque citoyen, chaque électeur, chacun d'entre nous, a le pouvoir de lutter à son niveau pour refuser de telles pratiques, qui menacent la cohésion de notre République et la foi en notre démocratie.
En les dénonçant autour de soi.
En votant intelligemment.
En promouvant une réforme judiciaire visant à destituer d'office tous les hommes politiques effectuant de la prison préventive : quand un juge estime, au vu du dossier qui lui est présenté, que la prison préventive se justifie, et s'agissant du cas particulier des représentants du peuple, un peu plus d'exigence morale devrait nous conduire à ne pas les traiter comme de simples citoyens bénéficiant d’une présomption d'innocence totale. Il s'agit d'ailleurs davantage de faire cesser ce trouble manifeste à l'ordre public que constitue le maintien dans ses mandats d'un élu gravement mis en cause par la Justice.
Et toutes vos autres idées sont les bienvenues, à partir du moment où elles ne cèdent ni à l’engagement partisan, ni à la stigmatisation.
nous avons le meme probleme hellas
Rédigé par : L'Instance Nationale de protection des Biens Publics | 14 juillet 2008 à 01:38