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Huit personnes, dont plusieurs membres d'une même famille, se trouvaient toujours au palais de justice de Marseille, hier soir, après leur mise en examen pour détournement de fonds publics, abus de confiance, faux et usage de faux. Quatre d'entre elles pourraient même être écrouées dans la nuit. Les magistrats, dont le juge d'instruction Franck Landou, leur reprochent d'avoir utilisé frauduleusement l'argent de subventions allouées à des associations fictives, basées essentiellement dans les quartiers Nord de Marseille (lire notre édition du 12 décembre dernier).
Ces structures, dont l'unique existence était souvent administrative, auraient reçu jusqu'à 300000 euros du Conseil régional et, dans une moindre mesure, du Conseil général des Bouches-du-Rhône. "Nous avons pu mettre au jour des demandes de subventions étayées par de faux documents, indiquait-on hier soir de source judiciaire. Sur les comptes de ces associations, il y a un fonctionnement atypique, avec des décaissements bizarres." L'enquête, initiée par Tracfin, la cellule de lutte contre le blanchiment, durait depuis plusieurs mois. La brigade financière de la police judiciaire avait déjà mené ses investigations auprès de membres de ces associations.
Des documents avaient également été saisis dans des bureaux du Département et de la Région, qui s'est depuis constituée partie civile. L'un des collaborateurs du groupe PS au Conseil régional est d'ailleurs mis en examen dans ce dossier. Au coeur des malversations, un homme semble jouer un rôle majeur. Originaire de la cité Font Vert, RMiste, il serait à l'origine d'une vingtaine d'associations. Toutes n'auraient jamais connu la moindre activité.
"Elles n'existent que sur des documents à la préfecture, témoignait hier soir l'une des connaissances du principal suspect, âgé d'une quarantaine d'années. Il allait voir les gens et leur disait 'si tu viens avec nous, tu seras gavé d'argent'. Moi-même, j'appartenais à l'une de ses associations et je ne le savais même pas. Toute sa famille était enregistrée et personne n'était au courant."
Les investigations vont se poursuivre, afin de mieux cerner les responsabilités de chacun des suspects, mais aussi pour comprendre comment de telles sommes ont été utilisées. "Il y a encore énormément de choses à clarifier, confirmait-on de bonne source, hier soir. L'enquête est très loin d'être bouclée."
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